Traduction et intelligence artificielle : l’humain peut-il être remplacé ?

L’intelligence artificielle est en plein essor depuis quelques années et concerne de plus en plus de domaines. La traduction fait partie de ces domaines où l’IA a une place de plus en plus grande. Celle-ci fleurit et pourrait presque remplacer l’être humain… ou le peut-elle réellement ?

Décortiquons ensemble le sujet afin d’en ressortir une potentielle réponse pour mettre fin à ce débat épineux : l’intelligence artificielle peut-elle faire le même travail qu’un traducteur avec la même qualité ?

Photo de Field Engineer

L’intelligence artificielle en traduction : pas si nouvelle que ça

Avant toute chose, afin de ne perdre aucun de vous en chemin, il est primordial de s’accorder sur les définitions qui nous intéressent aujourd’hui. Le terme d’intelligence artificielle (IA), rentré dans la langue courante ces dernières années, n’a en réalité pas de définition bien cadrée. Le Conseil de l’Europe le stipule même sur son site : le terme englobe plusieurs aspects.

Au sens large, le terme désigne en effet indistinctement des systèmes qui sont du domaine de la pure science-fiction (les IA dites « fortes », dotées d’une forme de conscience d’elles-mêmes) et des systèmes déjà opérationnels en capacité d’exécuter des tâches très complexes (reconnaissance de visage ou de voix, conduite de véhicule – ces systèmes sont qualifiés d’IA « faibles » ou « modérées »).

Site officiel du Conseil de l’Europe

Face à cette définition, comment l’IA peut-elle bien être appliquée en traduction ? Il y a de multiples manières dont l’IA peut intervenir pour aider à traduire – qu’il s’agisse de correcteurs orthographiques ou grammaticaux par exemple – des outils complexes qualifiés d’outils d’aide à la traduction. Toutefois, s’il y a bien une application de l’IA qui titille les traducteurs professionnels, c’est celle qui est plus communément appelée la traduction automatique.

La traduction automatique est le principe qui consiste en la traduction brute d’un texte effectuée par l’intervention d’un ou plusieurs programmes informatiques. Vous avez certainement tous utilisé au moins une fois Google Translate, un outil gratuit qui dispose de bon nombres de langues à sa disposition et peut automatiquement traduire le texte que vous lui fournissez. Google Translate est sans doute l’exemple le plus criant pour dépeindre la traduction automatique et l’outil est loin d’être récent.

Même si on ne parlait pas du terme d’intelligence artificielle pour la décrire, la traduction automatique est bel et bien effectuée par une IA. Pourtant, si certains pensent que l’intelligence artificielle est récente, la traduction automatique remonte aux années 1950. Si elle n’était pas aussi poussée qu’aujourd’hui, les recherches pour effectuer une traduction automatique d’une langue naturelle à une autre existaient bel et bien, avec des premiers résultats satisfaisants. La traduction automatique n’a donc rien de neuf mais pourtant, le clivage semble avoir changé dans le débat qui oppose l’humain à l’IA en traduction.

Photo de Sam Lion

Qu’est-ce qui a changé par rapport à avant ?

Ce n’est pas un secret si je vous dis que la technologie a énormément évolué durant la fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle. La création des premiers ordinateurs et l’arrivée d’internet ont aidé des milliers de technologies à s’améliorer et c’est notamment le cas de la traduction automatique. Avec un accès à internet et ainsi à des milliards de textes écrits et traduits, les outils de traduction automatique analysent les habitudes conversationnelles des langues pour rendre les traductions de plus en plus proches d’une traduction parfaite. Lorsque la traduction automatique a débuté dans les années 1950, il est évident que les moyens technologiques étaient à des années-lumières de ce qui est utilisé aujourd’hui.

De nos jours, l’intelligence artificielle est de plus en plus poussée et l’intelligence artificielle conversationnelle (bien souvent sous la forme de chatbot) tend de plus en plus vers une conversation humaine. Des logiciels comme ChatGPT ont notamment popularisé le concept et le terme d’intelligence artificielle, divisant l’opinion publique par la même occasion. Si certains voient en l’IA un outil permettant de repousser les limites de la créativité, d’autres craignent que la montée de l’IA poussent certains secteurs à leur perte. L’association du terme d’IA au monde de la science-fiction n’aide évidemment en rien cette perception malveillante de l’intelligence artificielle.

Si ce passage de la notion d’intelligence artificielle dans le plan mainstream concerne quasiment tous les domaines, je dirais que la perception de la traduction automatique en opposition à un traducteur humain souffre aussi d’un autre phénomène. L’évolution technologique et le leadership américain dans le secteur du divertissement (cinéma, séries, musique, etc.) ont aidé à rendre l’anglais extrêmement populaire. Aujourd’hui, l’anglais est une des langues les plus parlées au monde et est devenue la langue par défaut dans le monde des affaires.

Une grande partie de la population active est confrontée à l’anglais à un moment ou l’autre de sa carrière, voire le pratique, mais il serait stupide de dire que tout le monde a un niveau irréprochable d’anglais. Qu’il s’agisse de grammaire, de vocabulaire ou de prononciation, l’anglais n’est pas maitrisé de la même manière par chaque utilisateur et ceci est totalement normal. Le problème – quelque chose que je constate de plus en plus en tant que traducteur professionnel – est que de plus en plus de monde pense avoir un anglais correct, même si ce n’est en réalité pas le cas.

L’anglais est de plus en plus accessible – ce qui est très bien, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit – mais beaucoup de gens se satisfont d’un niveau acceptable pour une utilisation professionnelle. L’utilisation dans une sphère personnelle reste évidemment une autre question, mais quid du monde professionnel ? Si les entreprises se satisfont de leur niveau d’anglais, ont-ils vraiment besoin d’un traducteur ?

Vous aurez compris où je veux en venir : si tout le monde pense avoir un niveau suffisant en anglais ou s’auto-proclame bilingue pour traduire soi-même et si les outils de traduction automatique sont si perfectionnés, pourquoi ferait-on appel à un traducteur humain, d’autant plus si le travail peut être fait gratuitement par une machine ?

Photo de Snapwire

Quels avantages le traducteur humain a-t-il (encore) sur l’IA ?

Nous avons parlé des intelligences artificielles et de leurs avantages mais si nous voulons être équitables, nous devons aussi évoquer les avantages qu’a l’être humain par rapport à la machine.

Analyse du contexte

L’un des éléments qui tend à penser que l’être humain a toujours un avantage par rapport à la traduction automatique est l’analyse du contexte. L’IA dépend intrinsèquement du texte qui lui est fourni et – même si celle-ci tend à produire un texte de plus en plus similaire à un humain – elle pourrait ne pas traduire correctement un texte si elle n’a pas tout le contexte (par exemple : une phrase isolée).

L’être humain, par sa connaissance du contexte ou sa compréhension du sous-texte dans une conversation (par exemple s’il y a présence de gestuelle ou d’expression faciales) sera ainsi plus à même de pouvoir identifier correctement le sens des mots utilisés dans le texte source.

Néologismes

L’analyse du contexte est évidemment essentielle pour comprendre la bonne signification d’un mot – en d’autres termes, l’acception auquel il fait référence dans le dictionnaire. Quid des mots qui n’existent pas ?

L’IA se basant uniquement sur des textes préexistants, un terme nouveau ne sera tout simplement pas traduit. L’être humain est ainsi toujours nécessaire pour pouvoir créer ces néologismes, qu’ils aient vocation à rentrer dans le langage ou à décrire un phénomène propre au texte ou à la conversation.

Originalité

Les néologismes sont un des aspects propre au lexique qui fait appel à l’originalité et la créativité de l’être humain. Pour rejoindre ce qui est dit plus haut, l’intelligence artificielle conversationnelle se base sur des textes préexistants et est donc par défaut dénuée totalement d’originalité.

Alors que l’IA traduira ou rédigera toujours en fonction de ce qui a déjà été fait dans le passé, l’humain peut ainsi apporter sa touche personnelle et imprégner l’écriture de sa propre patte.

Le cerveau humain

Enfin, tous ces aspects sont liés à un formidable outil dont ne disposent pas les intelligences artificielles : un cerveau humain.

Si une intelligence artificielle peut faire la même chose qu’un humain à une vitesse nettement supérieure, voire réaliser des tâches impossibles à faire pour un humain, l’inverse est vrai également. Il ne faut pas oublier que l’intelligence artificielle reste un outil qui est loin ‘être comparable à un cerveau humain. D’ailleurs, le cerveau humain est tellement complexe qu’il n’est à ce jour pas encore compris à 100 %, donc comment une IA pourrait-elle tout faire ?

Photo de cottonbro studio

Les entreprises ont-elles encore un intérêt à engager un traducteur ?

Maintenant que le contexte est bien compris dans cette opposition entre traduction humaine et traduction par intelligence artificielle, il est temps d’apporter une réponse définitive à ce débat. En réalité, il y a plusieurs réponses, car celle-ci dépendra de la nature du projet de traduction.

La question du budget

La question du budget est évidemment très importante avant de savoir si votre entreprise a besoin d’engager un traducteur. Le budget dépendra intrinsèquement de la quantité de texte à traduire. Par exemple, un plombier qui ne dispose que d’un site internet et une société de marketing digital qui produit des contenus chaque semaines n’auront clairement pas les mêmes quantités à traduire.

Pour les entreprises qui ont peu de finances, il est clair que la gratuité des outils de traduction automatique – ou des montants forfaitaires peu élevés pour l’achat d’un outil plus perfectionné – sont évidemment hors concurrence par rapport à un traducteur que vous engageriez à la mission. De mon humble avis, la question ne devrait pas se limiter uniquement au prix mais aussi à la qualité du produit fini.

La question de la qualité

Comme expliqué plus haut, le traducteur aura toujours des qualités intrinsèques à l’être humain que la traduction automatique ne pourra vous apporter. L’intelligence artificielle est certes de plus en plus perfectionnée mais l’IA n’est pas sans faille. Se reposer entièrement sur l’intelligence artificielle pour traduire votre site internet ou vos articles de blog pourrait ouvrir la porte à des fautes ou des incohérences qui pourraient laisser vos clients perplexes… voir les faire fuir.

Si vous êtes particulièrement attentifs à la qualité de vos contenus, engager un traducteur professionnel semble sans doute l’option la plus raisonnable, quitte à choisir stratégiquement ce que vous traduisez ou non si votre budget est limité. Contrairement à l’IA, vous avez l’occasion de collaborer avec le traducteur, lui apporter des explications au préalable ou bien même laisser la porte ouverte aux suggestions pour améliorer le contenu originel. Dans tous les cas, une traduction faite par un traducteur aura certainement plus de personnalité qu’une traduction automatique, qui reste parfois très littérale et ne s’adaptera pas à l’audience.

En résumé, le traducteur humain a tout de même des atouts, en dehors du prix, qui rendront vos contenus plus attractifs qu’une traduction automatiques. Prendre une traduction automatique et l’utiliser comme vitrine sur votre site web ne reflètera sans doute pas le professionnalisme dont vous faites part avec vos clients, et pourtant votre site web est souvent la première chose qu’ils voient.

Si vous avez la moindre question sur votre projet et le budget alloué à celui-ci, je serais heureux d’en discuter gratuitement avec vous afin d’évaluer les meilleures possibilités pour votre projet. N’hésitez pas à me contacter pour d’avantage d’informations sur les solutions que je peux vous apporter !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *