Pourquoi les francophones ont-ils tant de mal avec le « TH » ?

Demandez à n’importe quel francophone qui apprend ou parle l’anglais la plus grande difficulté de prononciation dans la langue de Shakespeare et il vous répondra toujours la même chose : le th.

Aujourd’hui, il est temps de démystifier les raisons qui expliquent ces difficultés récurrentes pour les francophones avec le son th en anglais. Pour cela, nous devrons notamment parler de phonétique pour rentrer dans le vif du sujet et vous permettre ainsi de comprendre – voire dépasser – vos difficultés avec ce son.

symboles phonétiques des deux « TH »

Les deux « TH »

Avant de se pencher sur la façon dont le th est prononcé, il faut bien préciser qu’il y a en réalité deux th.

Techniquement, il y a quatre façons différentes de prononcer les lettres th en anglais. Lorsque celles-ci se suivent à cause de l’étymologie du nom, elles se prononcent simplement t, comme dans Thailand. Dans un autre cas, lorsque la lettre t et la lettre h se suivent mais proviennent de deux mots différents étymologiquement parlant, elles se prononceront comme deux lettres séparées, comme dans lighthouse.

Ce sont bien évidemment les deux autres cas qui nous intéressent aujourd’hui, dans lesquels le th a sa propre prononciation. Phonétiquement, il y a en réalité deux façons de prononcer le th, ce qui en fait une paire de consonnes. Nous préférons ici vulgariser et les considérer comme une paire de consonnes afin que ce soit clair : les deux th ont le même lien que celui qui existe entre le f et le v, ou entre le s et le z.

La différence entre les deux est la sonorité de la consonne. L’un est sonore ou voisé, c’est-à-dire qu’il fait vibrer les cordes vocales quand il est prononcé. Si vous placez votre main sur votre gorge en le prononçant, vous sentirez effectivement une vibration. D’autres consonnes voisées existent en anglais comme en français et incluent le b, le g, le d, le j, le dj ou encore, pour reprendre les exemples ci-dessus, le v et z. C’est notamment le th voisé que vous retrouverez dans les déterminants the et that.

L’autre th est sourd ou non voisé. Posez à nouveau votre main sur la gorge et vous sentirez directement la différence avec une consonne non voisée : il n’y a pas de vibration. D’autres consonnes non voisées en langues anglaise et française incluent le p, le k, le t, le tch, le f et le s. Concernant le th, le non voisé est celui que vous retrouvé dans des mots comme thanks et breath.

Cependant, qu’il soit sonore ou sourd, le th pose problème aux francophones et cela a un lien direct avec la façon dont il est formé dans la bouche.

prononciation des consonnes

Le « TH » d’un point de vue phonétique

Comme dit plus haut, le son th (voisé ou non) est un consonne. Phonétiquement parlant, une consonne se forme par l’association de deux phénomènes : le mouvement de l’air dans la bouche et la position de la langue.

Au niveau du mouvement de l’air, le th est ce qu’on appelle une consonne fricative, c’est -à-dire qu’elle se forme par un frottement continu de l’air sur les parois de la bouche. Si cela ne vous parle pas, sachez qu’il existe bien sûr d’autres consonnes fricatives que vous utilisez sans doute tous les jours. Il s’agit en réalité de consonnes que vous pourriez laisser sonner pendant plusieurs secondes en fonction de votre souffle : les f et v, s et z, et ch et j sont les consonnes fricatives utilisées en français.

Concernant la position de la langue, le th est une consonne dentale. Comprenez qu’elle se forme par le contact du bout de la langue avec l’arrière des dents supérieures. Suivant le même phénomène de mouvement d’air, la consonne changera donc en fonction de la position de la langue, produisant un s ou z en contact avec les alvéoles dentaires (consonnes alvéolaires), un ch ou j en contact avec la zone entre les alvéoles dentaires et le palais (consonnes post-alvéolaires) ou encore un f ou v sans intervention de la langue (consonnes labiales).

Photo de Andrea Piacquadio

Et donc, pourquoi les francophones ont-ils tant de mal à le prononcer ?

On a appris plus haut que le th est en réalité une consonne comme une autre, qu’elle est en réalité deux consonnes différentes (en fonction qu’elle soit voisée ou non) et qu’il s’agit d’une consonne fricative dentale. En apprenant comment celle-ci se forme, peut-être aurez-vous déjà compris pourquoi les francophones ont tant de mal à prononcer cette consonne.

La réponse évidente est qu’il s’agit d’une consonne qui n’existe pas dans la langue française. Les francophones n’ont tout simplement jamais appris à prononcer cette consonne, contrairement aux autres utilisées en français, et il s’agit donc d’une totale nouveauté pour quelqu’un qui décide d’apprendre l’anglais. Le th n’est donc pas la plus grande difficulté dans la prononciation anglaise de manière générale mais bien pour un francophone car il s’agit de quelque chose qui ne parait pas naturel.

Il arrive bien souvent que le th non voisé ressemble plus à un f et que le th voisé ressemble plus à un v chez un francophone. Ceci s’explique car il s’agit des consonnes fricatives les plus proches dans la prononciation française : au lieu de déposer le bout de la langue sur les dents (consonne dentale), la langue ne les touche pas du tout, transformant ainsi le son en une consonne labiale, c’est-à-dire formée uniquement par les lèvres. Il faut donc bien comprendre et être conscient que la langue doit être utilisée pour former le son th en anglais.

Certains francophones utilisent bel et bine la langue (consciemment ou non) pour tenter de former le th mais se retrouvent à former une autre consonne. Cela arrive plus fréquemment avec le th voisé qui devient un d (prononcée comme une consonne occlusive, libérant le son en une fois), voire un z si la consonne reste fricative. Ces deux consonne sont en commun qu’elles sont formées par la même position de la langue, une position alvéolaire, c’est-à-dire que la langue se pose alors sur les alvéoles dentales plutôt que sur les dents en elles-même. Autrement dit, il s’agit aussi de la position la plus proche du th, mais vers l’intérieur de la bouche.

Si nous devions résumer, les francophones ont donc du mal à prononcer le th car il s’agit d’une consonne qui n’est pas utilisée en français. Connaitre comment le th est prononcé et pouvoir le comparer à la prononciation d’autres consonnes utilisées en français sont selon moi des étapes essentielles afin que vous puissiez consciemment et correctement prononcer le th.

Comme le dicton anglais le dit justement, practice makes perfect. Autrement dit, c’est en s’exerçant et surtout en osant que vous arriverez à prononcer le th correctement. Que ce soit en solo ou grâce à l’un de mes cours particuliers, vous connaissez maintenant le maitre mot : osez !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *