Si vous apprenez ou parlez l’anglais, il y a certainement quelque chose qui vous a toujours titillé : quel accent prendre ? Je dirais qu’au final, le choix relève de tout un chacun pour les nouveaux apprenants tandis que d’autres n’ont pas le choix et assimilent l’accent auquel ils sont confrontés dans la vie de tous les jours, comme lors d’un stage à l’étranger par exemple.
Les natifs, quant à eux, ont évidemment l’accent de leur région. Bien qu’il y ait en réalité une multitude d’accents différents comme en français (à lire : 9 accents britanniques et comment les reconnaitre), on oppose souvent deux accents anglais : l’accent britannique et l’accent américain. Si la majorité d’entre nous est au courant qu’il s’agit de deux accents bien distincts et que certains arrivent même à les distinguer à l’audition, j’avais aujourd’hui envie de me pencher sur les différences fondamentales entre ces deux accents.
Cela risque d’être très technique mais cela est une nécessité selon moi pour que vous puissiez comprendre comment ces deux accents se forment et, qui sait, si vous voulez les reproduire. Alors, quelles sont ces différences ?
R-Dropping vs. rhoticité
Par ces termes qui vous sembleront peut-être barbares pour les non-initiés à la phonétique, nous allons d’abord nous pencher sur la prononciation de la lettre R en anglais. Comme vous le savez peut-être déjà, le R en anglais ne se prononce pas de la même manière qu’en français. Toutefois, le R ne se prononce pas non plus de la même manière en anglais britannique ou en anglais américain.
Pour remettre le contexte tout d’abord, comment est prononcé le R en français ? Dans notre langue, le R est une consonne fricative uvulaire, c’est-à-dire qu’elle se forme par le contact de la langue avec la luette (consonne uvulaire) et est produite avec un mouvement d’air constant produisant un frottement (consonne fricative).
En anglais, oubliez tout contact avec le palais, la luette ou toute autre partie de la bouche. En réalité, le R en anglais est prononcé grâce à un mouvement de la langue mais qui ne se lève pas au point de toucher le haut de la paroi bucale. On parle de consonne spirante. La langue monte d’ailleurs moins loin dans la bouche et est une consonne liquide, c’est-à-dire une combinaison d’une occlusion et d’une ouverture. Que ce soit l’accent britannique ou l’accent américain, celle qui est aussi surnommée la consonne rhotique est donc prononcée globalement de la même manière mais comporte des différences.
En Received Pronunciation (ce qu’on considère souvent comme l’accent Britannique standard), le R est formé par le contact du bout ou de la crête de la langue avec les parois alvéolaires de la bouche : on parle ainsi de consonne alvéolaire. L’air passe alors par le dessus de la langue pour former ce son relativement proche d’un A. Ce son n’est présent que dans la langue anglaise si on considère les langues générales mais se retrouve aussi dans les dialectes royasque (Piémont) et breton (Bretagne).
En anglais américain, la consonne rhotique se prononce différemment car elle est rétroflexe. Entendez par là que le bout de la langue est retourné vers le palais mais laisse passer l’air vers le haut de la langue comme en anglais britannique. La différence de prononciation se situe donc dans la position du bout de la langue, ce qui donne l’impression que le R se rapproche d’un »eur » en anglais américain et d’un « ar » en anglais britannique. Vous pouvez dès à présent essayer de prononcer le R anglais : contractez légèrement la gorge, comme si vous aviez un marshmallow dans la bouche et émettez le son. De base, prononcez « ar » puis essayez de ramenez le bout de votre langue dans la bouche… et vous sentirez et entendrez la différence !
L’autre différence majeure est que le R n’est pas prononcé dans certains cas en Received Pronunciation. Lorsque le R suit une voyelle et est suivi par une consonne ou est en fin de mot, le R n’est carrément pas prononcé en anglais britannique. On parle alors du phénomène de R-Dropping : on laisse littéralement tomber le R. C’est ce phénomène (absent aux USA) qui distingue essentiellement la Received Pronunciation des autres accents, même de certains accents britanniques abordés dans un autre article.
Coup de glotte vs. battement
Une autre différence majeure entre l’accent britannique et l’accent américain se trouve dans d’autres consonnes. Typiquement, les sons t et d vont être prononcés différemment selon leur position et… selon si on se trouve à l’ouest ou l’est de l’Atlantique.
Aux Etats-Unis, lorsqu’ils se trouvent en milieu de mot, les t et d subissent un phénomène qu’on appelle un battement (flapping en anglais). Le bout de la langue ne reste en contact que brièvement avec la zone post-alvéolaire et provoque au final une similarité de consonance entre le t et le d, qui sonnent tous deux comme un d. Ce phénomène peut être observé dans des mots tels que forty, better, ladder ou matter. A l’inverse, en Received Pronunciation, les t et d sonneront plus clairs et totalement distincts l’un de l’autre dans ces cas.
Toutefois, en anglais britannique, les t et d ne sont par contre carrément pas prononcés dans certains cas. Lorsqu’ils précèdent une voyelle, les sons t et d sont remplacés par un coup de glotte. Aucun son n’est produit à l’exception de coup de glotte, faisant disparaitre totalement la consonne. L’un des exemples le plus fréquents est le mot football, qui sera davantage prononcé « fou’bôl » en anglais britannique. Ce phénomène arrive aussi en milieu de mot comme les exemples cités en anglais US. Ainsi better se prononcera en réalité « beder » en anglais US et « be’er » en anglais British.
L’ouverture des voyelles
Après quelques mots sur les consonnes, passons désormais aux voyelles.
Le cas des voyelles est sans doute l’aspect le plus frappant pour quelqu’un qui apprendrait l’anglais ou voudrait différencier l’accent britannique de l’accent américain. S’il y a une chose à retenir, c’est que les voyelles en Received Pronunciation sont plus ouvertes dans la majorité des cas que celles prononcées en General American. Concrètement, pour prendre un premier exemple, le A va être prononcé « a » dans certains mots en anglais britannique mais sera prononcé presque « è » en anglais américain. Ainsi, parmi les exemples les plus connus, les mots can, have et thanks seront davantage prononcés « kan », « hav » et « thanks » avec l’accent British et « ken », « hev » et « thenks » en anglais US.
Une autre voyelle qui change d’un accent à l’autre est le O. De la même manière, le O de certains mots en Received Pronunciation va se prononcer presque comme un A en General American. Ainsi, un Britannique prononcera plutôt thanks a lot « thanks euh lot » tandis qu’un Américain le prononcera « thenks euh lat ».
La différence peut sembler plus mineure sur certaines voyelles mais, si vous essayer de parler les deux accents pour les distinguer, une impression peut être que les voyelles sont plus longues et prononcées avec toute la bouche en anglais britannique alors que l’accent américain aura tendance à les contracter.
Les diphtongues
En anglais, contrairement au français qui n’en recense plus dans sa prononciation, on retrouve des diphtongues. Il s’agit de voyelles qui – pour vulgariser- fusionnent deux voyelles en une. Les deux voyelles sont alors bel et bien « collées » et ne forment qu’une et n’ont pas de hiatus entre elles (comme c’est pas exemple le cas en français).
Les diphtongues présentes en anglais pourraient être prononcées comme suit en anglais britannique : « eï », « aï », « oï », « aou », « euou », « ieuh » et « oueuh ». Vous retrouvez ces diphtongues respectivement dans des mots comme face, price, choice, mouth, goat, here et pour.
Si certaines diphtongues restent en anglais US, certaines auront toutefois tendance à disparaitre, ce qui va dans le même sens que le phénomène de contration des voyelles qu’on a pu observer dans le point précédent. Ainsi, le mot goat en anglais British se prononce « geuout » tandis que les américains prononceront davantage un O, prononçant « gaut ». De même les « ieuh » et « oueuh » qu’on retrouvera souvent en fin de mot en Received Pronunciation comme dans here et pour sont plutôt prononcés comme une voyelle suivie d’un R rhotique en anglais US. Ces mots se prononcent ainsi davantage « hir » et « pour » à l’ouest de l’Atlantique.
En parcourant ces différences majeures entre l’accent britannique et l’accent américain, j’espère que vous aurez pu comprendre un peu mieux la différence de prononciation entre ces deux accents. Bien sûr, il y a non seulement bien d’autres différences plus mineures mais il y a aussi des différences de prononciations entres accents dans une famille d’accents, comme on a pu le voir avec les différents types d’accents britanniques dans un précédent article.
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